Ma stratégie pour gérer la reine Henriette était simple.

« Il a été révélé qu’Henriette n’est pas une simple “mademoiselle”, mais une lionne. Une lionne qui dévore le lion mâle. Elle est bien trop terrifiante pour être une partenaire de danse à un bal… »

J’ai dit à Jacquerie.

« Il n’y a absolument aucune raison de lui demander une danse lorsqu’il est évident qu’elle refusera. Jacquerie, nous allons maintenant faire d’Henriette une “fleur au mur”. »

« Votre Altesse a-t-elle l’intention d’éviter une guerre totale avec la reine de Bretagne ? »

Jacquerie m’a regardé avec curiosité.

« En effet. C’est comme une nouvelle étoile qui apparaît soudainement dans la haute société. Une beauté remarquable et un charisme absolu… tous les hommes du bal sont tombés amoureux d’elle. Savez-vous ce qu’il faut faire pour abattre une telle dame ? »

J’ai ricané. Quelque chose battait dans ma poitrine, bien plus profondément que mon cœur. J’ai attendu assez longtemps. J’ai réussi à attendre patiemment. Mes entrailles avaient volontiers supporté tout le stress pour le bien de ce paysage infernal qui allait maintenant se dérouler. Mes intestins affamés exigeaient un banquet de sang frais en récompense.

« En rassemblant toutes les autres dames d’un côté et en établissant une alliance unifiée. Peu importe la splendeur d’une première apparition, il n’y a aucun moyen de survivre dans la haute société si l’on transforme tous les autres en ennemis. C’est la même chose. »

Henriette, ta victoire était un peu trop excessive.

Une armée formidable inspire la peur dans le cœur de ses ennemis. Cependant, cela pousse aussi ses ennemis à s’unir. Tout comme les voisins s’uniraient pour éliminer un orque, même s’ils sont généralement en conflit.

Commençons le jeu ?

Il y avait un groupe que la reine Henriette avait négligé, non, il était inévitable qu’elle les néglige. J’ai utilisé une sphère magique pour les contacter immédiatement.

– Dantalian, l’armée de la République de Batavia est prête à être dépêchée à tout moment.

C’était la que le Seigneur Démon Paimon avait créée en secret et implantée sur tout le continent depuis des centaines d’années. Paimon souriait joyeusement à l’intérieur de la sphère. Il est possible que je n’aie pas personnellement parlé à Paimon depuis un certain temps, mais Jacquerie, qui faisait partie de l’Alliance de Libération, envoyait naturellement des rapports réguliers à son chef, Paimon.

– Comme vous l’avez dit à Jacquerie, il semble que la Bretagne ait vraiment envahi. Votre perspicacité est toujours surprenante. Si ce n’est pas trop impoli de le demander, comment parvenez-vous à prédire avec précision l’avenir sans avoir le don de la prévoyance ?

« C’est simplement un talent trivial, Mademoiselle Paimon. »

– Trivial, dites-vous ? Très bien, alors. Si c’est ce que vous pensez, cette dame laissera tomber la question. Je garderai le silence sur la façon dont ce talent trivial a secoué le continent et est sur le point de le secouer à nouveau.

Indépendamment du commentaire de Paimon, je n’étais pas modeste. L’attaque de la reine Henriette sur la Frankia était un fait établi dans le jeu et je faisais semblant que les informations que je connaissais déjà provenaient de ma propre tête. C’était tout.

La personne devant moi, Paimon, était probablement celle qui a réellement secoué le continent. Elle a réussi à construire sa faction jusqu’ici de ses propres mains. Si l’on exclut mes intrigues et mes machinations, je ne peux même pas la comparer…

– Quand dois-je dépêcher les troupes ? Elles sont déjà positionnées à la frontière.

« Pas encore. Le renfort de Batavia doit avoir une cause écrasante. Ordonnez à vos hommes de marcher dès que les nobles de Frankia vous tendront la main en premier, Mademoiselle Paimon. Si vous faites cela, nous pourrons facilement obtenir le soutien de chaque roturier de Frankia. »

– C’est vrai.

Paimon posa la main sur son menton et hocha la tête.

J’ai été surpris d’apprendre qu’elle avait déjà positionné son armée à la frontière. Cela signifiait que Paimon avait préparé son armée au moment où Jacquerie lui avait rapporté après que je lui ai dit que « la Bretagne allait attaquer ».

« Elle croira probablement tout ce que je dirai à ce stade… »

Je ne pouvais m’empêcher de sourire avec ironie. Paimon me faisait entièrement confiance.

L’ennemi d’hier est l’ami le plus fiable d’aujourd’hui. Je vivais cette maxime. J’avais poussé Paimon dans un coin tellement de fois que cela renforçait sa confiance en ma capacité. C’était la même chose pour moi. J’ai découvert que Paimon était celle qui avait combattu le héros le plus opiniâtrement dans . C’était plus que suffisant pour lui faire confiance.

-Que comptez-vous faire ? La Frankia a aussi son orgueil. Elle ne demandera pas de l’aide si facilement.

« Ne vous inquiétez pas de cela. J’agirai en tant qu’envoyé et persuaderai ces nobles. »

Je faisais révolter le peuple pour les persuader.

Notre brigade de mercenaires avait « libéré » Garcivel, Rarowe, Laciarel et Trowin, soit 4 régions au total. J’ai incité le Seigneur Démon Leraje à attaquer certains territoires et j’ai fait en sorte que les seigneurs meurent à cause de ces affrontements. D’un autre côté, notre brigade de mercenaires est devenue les gardiens du territoire et a reçu le soutien du peuple.

Il y avait environ 1 500 roturiers armés après avoir été libérés du contrôle de leurs seigneurs. Ce nombre augmentait considérablement si l’on incluait également les roturiers non armés mais qui se sont joints avec joie à la révolte. Personne n’était présent pour calmer le peuple, car le gouvernement central était dans le chaos à cause de la bataille entre l’Empereur et la Grande Impératrice.

Il y avait des prêtres des temples, mais…

« Je suis l’un de ces prêtres ! »

En tant que prêtre Jean Bole, j’inciterais le peuple. Les cris de lutte contre les habitants diaboliques de Bretagne se sont rapidement répandus dans le nord de la Frankia. Les seigneurs ont paniqué lorsque le peuple s’est levé et a pris ses lances.

J’ai visité ces seigneurs et je les ai persuadés. Moi, Jean Bole, étais déjà célèbre pour être le parrain de la Brigade de Mercenaires à la Double Hache et un prédicateur populaire. Il n’était pas difficile de recevoir une audience avec les seigneurs.

« Votre Excellence, le Vicomte, qu’y a-t-il à hésiter ? Depuis l’antiquité, la volonté du peuple a toujours été la volonté des cieux, de sorte que les Déesses répandent secrètement leur volonté à travers le peuple. S’opposer à la Bretagne est le chemin tracé pour le peuple et la nation. »

« Mais… prêtre Jean Bole, les ordres stricts de Son Excellence l’Empereur. »

Même les nobles républicains hésitaient à cause du décret impérial.

Cependant, je savais que leur hésitation ne provenait pas de leur manque de loyauté. Ces nobles avaient peur. Ils avaient peur de s’opposer à l’empereur de Frankia et à l’armée dirigée par la reine de Bretagne.

Même le commandant suprême de l’armée principale, le général Montmorency, avait péri au combat. Il était naturel d’avoir peur. Néanmoins, une personne qui hésite à cause de sa peur d’une puissance étrangère peut aussi être manipulée par une puissance étrangère.

Je leur ai furtivement donné des informations.

« Et si je vous disais que la République de Batavia a promis son aide ? »

« La république !? Est-ce vrai !? »

Le noble était surpris.

« J’ai des amis au sein des temples de Batavia. En les rencontrant, j’ai appris que les plus hauts responsables de Batavia sont vraiment préoccupés par la pression illégale exercée sur les républicains de Frankia… Votre Excellence, vous n’êtes pas seul. »

Cela a eu un impact visible sur les nobles. La République de Batavia était une nation qui s’était constituée après des siècles de lutte pour son indépendance. L’aide d’une nation comme celle-ci ne pouvait être qu’une bonne chose.

Onze seigneurs du nord de la Frankia m’ont autorisé à négocier avec Batavia pour eux. Ils devaient savoir si Batavia pouvait réellement envoyer des renforts, combien et à quelle vitesse. Je suis retourné à notre groupe de mercenaires et j’ai immédiatement contacté Paimon.

Paimon a ricané.

Elle a donné 4 courtes réponses.

– 15 000 fantassins. 7 000 cavaliers. Demain. Pas de frais de mercenariat.

C’est à ce moment-là que la République de Batavia a décidé de participer à la guerre.

Le nord de la Frankia partage une frontière avec la République de Batavia, il était donc naturel qu’un grand nombre de républicains soient présents là-bas. Les seigneurs du nord ont appris qu’ils auraient suffisamment de renforts et que l’autre partie ne demanderait pas de frais de mercenariat, ils ont donc rapidement pris une décision.

Ils ont fait une déclaration.

« Actuellement, des serviteurs perfides font semblant d’être loyaux au palais impérial, des bandits se font passer pour nos gardes royaux et un ennemi étranger se déplace comme s’il s’agissait de notre armée nationale. Ainsi, nous, en tant que personnes préoccupées par la sécurité de la Frankia et l’avenir de notre peuple, déclarons… »

Leur déclaration était assez longue, mais, en résumé, ils allaient anéantir l’armée de la Bretagne. Les seigneurs du nord ont déclaré qu’ils ne se levaient que pour se débarrasser des serviteurs perfides. Ils n’ont jamais mentionné qu’ils s’opposaient à l’Empereur.

Bien sûr, personne n’y croyait. Eh bien, peut-être que ce stupide Empereur y croyait.

Toute la nation fut bientôt engloutie par le chaos.

Comme promis, la République de Batavia a lancé son offensive un seul jour après la déclaration des nobles. Batavia a pointé du doigt les seigneurs du nord et a déclaré :

« Ces hommes savent ce que sont l’honneur et la loyauté véritables. Nous sommes heureux qu’ils aient fait appel à nous et nous aiderons nos amis de toutes nos forces. Cette aide de notre part est uniquement basée sur notre amitié. Nous jurons que nous ne demanderons aucun échange territorial pour cela à l’avenir. »

« Le continent entier est actuellement en proie à l’invasion des Seigneurs Démon. La Bretagne a ignoré la sécurité du continent entier et n’a agi que pour sa propre cupidité personnelle. Il est naturel qu’elle soit condamnée pour cela. Nous ordonnons au royaume de Bretagne d’arrêter de s’ingérer dans les affaires intérieures de la Frankia ! »

C’est ce qu’ils ont déclaré.

Comment dire ? Je ne pouvais m’empêcher de rire de la ruse.

La raison de l’envoi de renforts était que leurs « amis », les nobles de Frankia, les avaient sollicités. Alors qu’ils agissaient pour le bien de tout le continent, la Bretagne agissait d’une manière honteuse…

Non, cela aurait pu être l’opinion de Batavia, mais la personne derrière la république qui avait fait cette déclaration était Paimon. C’était drôle, car c’était comme un Seigneur Démon déclarant qu’il allait agir pour la paix du continent. Sérieusement, Paimon est aussi une personne unique.

Ce n’était pas seulement la Frankia qui était secouée par cela. Tout le continent a tremblé également.

L’expédition militaire de la Bretagne constituait-elle une ingérence dans les affaires intérieures ? L’action de l’empereur de Frankia était-elle juste ou injuste ? La réponse de la République de Batavia était-elle justifiée ou non… ?

Cette question, qui aurait pu se terminer par une simple querelle interne entre l’empereur et la Grande Impératrice, s’est transformée en un conflit international une fois que la Bretagne et Batavia sont intervenus. Le pays d’origine de la Grande Impératrice, le royaume de Sardaigne, a condamné sévèrement la Bretagne pour ses actes.

À ce rythme, d’autres nations pourraient s’engager. Il était impossible de deviner l’ampleur de cette situation.

L’empereur de Frankia et la reine de Bretagne sont probablement stupéfaits en ce moment.

Je ne suis pas sûr pour l’empereur, mais la reine Henriette est compétente. Elle aurait envisagé la possibilité de l’intervention de Batavia. Cependant, la réaction de Batavia est arrivée beaucoup trop vite. C’était le problème.

« Maintenant, comprenez-vous ce que la reine Henriette a fait de mal ici ? »

«… »

J’ai déroulé une carte et j’ai demandé à Daisy. Daisy serait instruite par Jeremi le jour et agirait comme mon assistante le soir et la nuit.

J’adressais occasionnellement toutes sortes de questions à Daisy. C’était comme un jeu. Poser des questions et recevoir des réponses de cette fille dont la personnalité ressemblait exactement à la mienne était intéressant, car c’était comme si je me parlais à moi-même. Bien que cela puisse parfois être dégoûtant.

« La reine Henriette… a sous-estimé Batavia. »

Daisy a pointé la carte en parlant.

« La guerre contre l’Alliance du Croissant n’est pas terminée. La plupart des nations humaines devraient probablement avoir peur de mobiliser leurs troupes si précipitamment. La République de Batavia aurait dû être la même… La reine Henriette a probablement pensé cela. »

Ses yeux noirs regardaient attentivement la carte.

« Cependant, Batavia ne partage aucune frontière avec l’armée du Seigneur Démon. Le royaume de Teutonie les protège. Par conséquent, ils ont la latitude de participer à la guerre civile d’une autre nation. N’est-ce pas ? »

J’ai souri en parlant.

« Ce n’était pas une mauvaise réponse, mais vous avez malheureusement tort. »

La réponse était que la personne chargée de s’occuper de la République de Batavia dans l’Alliance du Croissant était le Seigneur Démon Paimon, qui était aussi le chef de cette république.

Par conséquent, Batavia n’aurait jamais combattu l’armée du Seigneur Démon en premier lieu… afin de pouvoir participer à la guerre civile de Frankia sans aucune inquiétude. Cela a fait en sorte que la reine Henriette commette une erreur dès le début.

Qui aurait pu le savoir ? Il était naturel que Daisy, et même Henriette, ne le sachent pas. Il n’y avait aucun moyen qu’ils sachent que le Seigneur Démon Paimon contrôlait une république dans le monde humain en coulisses. En fin de compte, la reine Henriette n’a pas fait d’erreur.

« Cependant, cela ne signifie pas que la responsabilité disparaît également. »

Maintenant, la reine qui construit un empire après avoir conquis la Frankia dans l’histoire du jeu. Vous avez peut-être brillamment gagné au combat, mais l’Alliance de Libération et moi avons planifié cela depuis longtemps.

Quelle sera votre prochaine action ? Elizabeth, qui est toujours princesse impériale, a déjà été éloignée de son pouvoir suprême. Vous êtes la prochaine.

Veuillez effectuer un magnifique valse pour moi. J’attends patiemment comme une personne qui aspire à son amant…

***

Note du traducteur : Merci d’avoir lu le chapitre. J’ai l’impression d’avoir un peu négligé les traductions ces derniers temps. J’ai un peu perdu le fil. Je ne sais pas vraiment quoi dire. J’ai beaucoup de choses en tête. J’ai aussi réfléchi à la traduction de Million Dollar Bill ou de Handholding. Handholding avait été mis en pause en raison de la traduction officielle prévue, mais ce processus a été assez lent. Je pourrais demander si je peux continuer à traduire pour l’instant et le retirer s’ils me le demandent plus tard. On verra.

À bientôt dans le prochain chapitre.