Sortant de la salle de style japonais, Kazuki fut conduit par Erika dans un jardin très bien entretenu.
Erika, qui avait changé de geta laquées noires, marchait devant, produisant des cliquetis.
Elle s’arrêta sous un grand arbre, haut de plus de 20 mètres. Dans une vue où les pétales de cerisiers flottaient comme dans une illusion, elle se tourna vers Kazuki.
« Me voici de nouveau. Je suis Erika Sumeragi, la fille de Tasuku Sumeragi. »
« Harold Stokes. »
Dès qu’ils eurent fini de donner leurs noms, le silence retomba. Le discours de Harold ne dégageait aucune ambiance amicale.
(Ou plutôt, quand ce ton est-il revenu….)
À y réfléchir, il se souvint que même dans l’œuvre originale, Harold parlait toujours d’un ton rude avec Erika. Peut-être qu’il n’utilisait un langage poli qu’en présence de ses supérieurs.
« Cet arbre s’appelle « Sakura » et c’est une fleur qui représente notre ville natale, la maison Sumeragi. Elle n’existait pas sur ces terres, mais il semble que lorsque le seigneur féodal de l’époque a migré ici, il a planté le jeune arbre qu’il avait apporté avec lui. C’est une histoire d’il y a environ 500 ans, mais aujourd’hui, elle est devenue le symbole de la maison Sumeragi. »
(TR – Sakura est ici en katakana)
Pendant que Kazuki se lassait du ton désagréable de Harold, on lui parla soudain de l’histoire de la ville natale des Sumeragi.
Comme elle était troublée par le silence, Erika commença pour le moment à expliquer l’arbre de cerisier qui se trouvait devant ses yeux. Il était admirable que, malgré son état d’esprit agité, son esprit de guide ne s’affaiblisse pas.
Honnêtement, c’était un sujet inapproprié pour des enfants de parler franchement, mais pour Kazuki, familier avec les cerisiers, c’était un sujet à approfondir.
« C’est différent du « Sakura » que je connais. »
(TR – Sakura est ici en kanji – 桜)
Le nom de cet arbre n’était pas clair dans le jeu, mais la forme de ses pétales et la façon dont ils étaient attachés à l’arbre différaient de celle du Somei Yoshino que l’on voit couramment au Japon. D’une certaine manière, même la couleur était plus profonde.
Alors, une variété comme celle-ci existe aussi ? Même s’il y pensait, il n’obtiendrait pas de réponse.
« Connais-tu le Sakura ? »
Bien qu’Erika n’ait pas manifesté d’expression jusqu’à présent, ses yeux tremblèrent légèrement à sa réponse.
« Non, c’est probablement quelque chose de différent avec une apparence similaire. Bon, cela n’a pas d’importance. »
Sa bouche, qui était en parfait état même aujourd’hui, rejeta brusquement la question d’Erika.
C’était le résultat de sa tentative de changer de sujet.
Traitée avec froideur, l’expression d’Erika devint sombre. Il ne savait pas si cette expression était de la haine ou de la vigilance.
(À y réfléchir, de toutes les personnes qui apparaissent, la seule qu’Erika déteste, c’est moi)
Le moyen le plus simple de représenter Erika était sans aucun doute « Yamato Nadeshiko ».
Même en étant la fille d’une famille noble très distinguée, elle n’avait pas de préjugés envers quiconque, et encore moins envers les alliés, elle souriait et était gentille même envers les ennemis, et elle avait la tolérance de soutenir silencieusement le protagoniste. Le nombre de joueurs qui ont été touchés par sa calme attitude était innombrable.
Celui qui a rendu une telle fille furieuse au point de la faire gifler n’était autre que Harold. La faire réagir ainsi, c’était, dans un certain sens, une réussite.
Cependant, certains joueurs ont appelé la gifle d’Erika à Harold « Récompense », et ils rejouaient cet événement pour l’apprécier.
« En d’autres termes, cela signifie-t-il que tu n’as aucun intérêt pour la maison Sumeragi ? »
« Interprète-le comme tu le souhaites. »
« …Est-ce ainsi. Après tout, la seule chose que vous voulez, c’est le nom des Sumeragi, n’est-ce pas ? »
« Vous n’avez rien d’autre que le nom. Ne le confondez-vous pas avec cela ? Hormis le nom, la maison Stokes ne semble pas inférieure. Même si vous êtes appelés nobles importants et prestigieux, c’est pathétique de pleurer ainsi dans votre maison. »
Sa bouche continua à déverser des propos, au point de s’étonner lui-même.
Penser qu’il serait pratique d’être détesté dans une certaine mesure et de dire quelques remarques maladroites était une erreur.
Cela dépassait la maladresse et pouvait être qualifié d’abus. Il ne pouvait pas nier qu’il était allé trop loin.
« Que sais-tu… ! »
Erika murmura en gémissant. Il s’agissait de huit ans avant le début du jeu, et comme elle était encore enfant, son point d’ébullition semblait assez bas.
Son visage était caché car elle regardait vers le bas, mais il était évident qu’elle était en colère. Ce serait mal de l’envenimer davantage.
Arrêtant là l’aggravation de la mauvaise impression, il tendit la lettre scellée à Erika.
« …Qu’est-ce que c’est ? »
« Taisez-vous et acceptez-la. Et après notre départ, remettez-la à votre père. »
« Je refuse. »
C’est ce qu’on appelle être sans recours. Récolter ce que l’on a semé. Tournant le visage, Erika commença à partir.
(TR – Sans recours est un proverbe japonais signifiant être totalement impuissant)
« Ah, c’est ainsi. Si tu veux laisser mourir les gens de ton territoire qui souffrent, fais-le. »
À ces mots, elle s’arrêta involontairement.
Car, d’après la façon dont Harold parlait, il semblait que…
« …Y a-t-il un moyen de les sauver ? »
« On ne peut pas dire qu’il y en ait un. Mais cela vaut la peine d’essayer. »
Erika regarda la lettre.
Il semblait qu’elle hésitait, mais Kazuki était convaincu qu’elle l’accepterait s’il le disait comme il l’avait fait.
Quoi qu’il en soit, la fille était gentille. Autrement dit, elle avait le cœur tendre. Elle ne pouvait pas abandonner les gens qui souffraient ou ceux qui étaient dans le besoin.
De toute façon, c’est jusqu’au point de la montrer souffrante à cause de la défaite des monstres, dans le jeu.
Alors, que se passerait-il si on lui disait qu’il y avait peut-être un moyen de sauver les gens qui étaient sur le point de mourir ?
Même si cela manquait de crédibilité, et même si c’était une suggestion d’une personne qui soutenait le principe de la lignée pure, qui allait à l’encontre de son idéologie, elle ne pouvait pas simplement l’ignorer sans l’écouter.
Une rafale de vent passa, et les pétales de cerisiers flottèrent comme s’ils entouraient les deux personnes. Après s’être regardées brièvement en silence, Erika fut la première à bouger.
« Ce n’est pas que je croie à tes paroles, mais… »
Même si elle avait une expression insatisfaite, elle accepta fermement la lettre. Pour Kazuki, c’était plus que suffisant.
Si c’était elle, elle la donnerait à Tasuku, exactement comme il l’avait dit.
« Il n’y a pas besoin de croire sans raison. Jugez sur les résultats. »
Alors, on ne savait pas si Tasuku croirait à la lettre absurde écrite par un enfant de 10 ans et tenterait de la mettre en œuvre. Mais si c’était un échec, il y penserait le moment venu. Il trouverait une autre idée.
Au lieu de soupirer, Kazuki leva les yeux et regarda l’arbre de cerisiers et le ciel bleu couvert de nuages brumeux.
◇
La voiture dans laquelle le père et l’enfant Stokes étaient montés, baignée de la douce lumière du soleil, s’éloignait de plus en plus lentement. En regardant cela, en contraste avec le climat calme, de sombres nuages se rassemblaient dans le cœur d’Erika.
L’une des causes allait de soi : s’engager avec Harold.
Erika comprenait parfaitement qu’elle n’avait pas un statut social bas. Elle n’avait même pas pensé à se marier selon sa propre volonté, et elle n’avait personne dans son cœur.
Mais ce n’était pas comme si elle était assez mature pour ne pas avoir d’espoir pour sa vie et se contenter de rester fidèle à son altruisme en devenant membre d’une maison assez audacieuse pour forcer un engagement en profitant de la faiblesse des autres.
Encore moins quand elle avait appris que le chef actuel de la maison Stokes était pour l’idéologie de la lignée pure, et qu’il traitait les personnes qui n’avaient pas de sang noble comme des objets.
Cette idéologie était difficile à accepter quoi qu’il arrive, mais pour des gens comme ça, le sang de la maison Sumeragi était extrêmement attrayant.
Elle était frustrée par la façon dont les personnes victimes de discrimination étaient rendues victimes. C’était tellement odieux que son pouvoir ne puisse être d’aucune aide à la maison Sumeragi ou aux habitants du territoire, qu’il était difficile de supporter.
Mais Erika, même si elle était jeune, comprenait qu’en allant dans la maison suivant le principe de la lignée pure, un grand nombre de vies pourraient être sauvées.
Sans même connaître un peu la détresse d’Erika, Harold a critiqué la maison Sumeragi. C’était un acte impardonnable.
La lettre reçue d’une telle personne était entre les mains d’Erika. Elle voulait simplement la déchirer et la jeter, mais même s’il s’agissait d’une promesse verbale, elle ne pouvait pas la briser.
Déshonorer les Sumeragi, et plus que tout, par rapport à abandonner une chance de sauver les habitants du territoire qui souffraient encore, elle avait assez d’esprit pour avaler toute humiliation.
« Pardonnez-moi, Erika… »
Ces mots s’échappèrent d’une voix pleine de regrets de Tasuku, qui se tenait à côté d’elle, regardant la voiture s’éloigner. Il ne pouvait pas honnêtement se réjouir de faire épouser à quelqu’un qui ne voulait même pas l’être.
Cependant, s’il devait faire un choix pénible pour protéger la vie et les moyens de subsistance de plusieurs dizaines de milliers de personnes, c’était son devoir en tant que chef de famille.
« Veuillez ne pas vous en soucier, Père. C’est aussi pour les Sumeragi et les habitants d’ici. »
Il n’y avait pas de mensonge dans ces sentiments.
Mais en ce moment, elle voulait prendre un peu de temps pour se calmer.
« Père, ceci. Harold-sama m’a demandé de vous le remettre après leur départ. »
Tirant la lettre, elle la tendit à Tasuku.
« De Harold-kun ? »
Pensant qu’il avait peut-être été chargé par ses parents de les saluer pour l’engagement, il reçut la lettre. Même si c’était le cas, même en la remettant par l’intermédiaire d’Erika, Harold avait choisi un moment étrange pour qu’elle lui soit remise.
« Alors, je retournerai dans ma chambre. »
« Ah, soyez tranquille. »
S’inclinant devant Tasuku, qui avait un sourire compatissant, Erika quitta les lieux à grands pas.
Tasuku et Koyomi étaient vraiment préoccupés dans leur cœur. Leur gentillesse était d’autant plus douloureuse.
En regardant sa fille se comporter avec fermeté, Tasuku se condamna pour l’avoir chargée d’un tel fardeau.
Encore plus, il se demandait s’il existait d’autres méthodes qui ne finiraient pas par la blesser.
« …Il n’y a aucun intérêt à y penser maintenant. »
Tout, cette situation, était due à son impuissance. Et à cause de cela, il avait forcé Erika et les autres à porter un lourd fardeau.
Il n’avait même pas envie de se moquer de lui-même.
Avec le cœur lourd, il ouvrit la lettre de Harold.
Le début de la lettre comportait une salutation saisonnière, ce qui n’était pas le style d’un enfant. Avec cela, Tasuku n’avait pas une mauvaise impression de Harold.
Mais au fur et à mesure qu’il lisait la lettre, la complaisance de penser à de telles choses s’est envolée.
Spontanément, une force a commencé à remplir sa main qui tenait la lettre, et au moment où il l’eut terminée, toute la lettre était profondément froissée.
« Quelqu’un là-bas ! Appelez Kiryuu ! »
La voix forte de Tasuku résonna dans tout le manoir. Peut-être surpris par quelque chose d’inhabituel, les serviteurs qui travaillaient dans le manoir se sont précipités pour chercher Kiryuu.
Bientôt, la silhouette de la personne appelée, en faisant du bruit à cause de sa course, apparut. C’était l’homme âgé qui attendait Harold et son père à la porte.
« Qu’y a-t-il, Maître ? »
« Nous ne pouvons pas en parler ici. Venez. »
L’endroit que Tasuku a choisi était le bureau, où personne n’était présent. Là, il fit lire la lettre de Harold à Kiryuu.
Dès que Kiryuu eut fini de lire, Tasuku commença à parler.
« Cette lettre est de Harold-kun. Qu’en penses-tu ? »
« …Franchement, je pense que c’est suspect. »
« D’accord. Mais même si c’est vrai ou faux, cela n’apporte aucun avantage à la famille Stokes. »
« Dans ce cas, est-ce l’œuvre d’un tiers ? Au moins, il est difficile de penser que c’est écrit par le garçon lui-même. »
« Au maximum, il a été utilisé comme intermédiaire, n’est-ce pas ? »
Cette ligne de pensée était la réponse la plus compréhensible. Car le contenu de la lettre n’était pas quelque chose qu’un enfant de 10 ans pouvait écrire.
Mais dans ce cas, la plus grande question n’était pas résolue.
« Le problème est de savoir qui est l’auteur. S’il s’agissait d’un partisan des Sumeragi, il n’y aurait pas besoin de choisir une méthode aussi détournée et peu fiable. »
« Alors, est-ce l’œuvre de quelqu’un qui s’oppose à la maison Stokes ? »
« Et encore, quelqu’un d’assez proche de Harold-kun pour le faire accepter leur demande, ou quelqu’un qui pourrait le manipuler à volonté. Au point de le laver de cerveau. »
Si ce n’était pas le cas, il n’y avait aucun moyen que la lettre atteigne Tasuku, et même la condition écrite ne pouvait pas être remplie.
L’objectif du cerveau était soit la chute de la maison Stokes, soit quelque chose qui viendrait après. Pour faire des conjectures à ce sujet, les informations étaient trop limitées à ce moment-là.
« Cela pourrait être mauvais pour la maison Sumeragi si nous essayons de les démêler, mais… »
« Si nous le faisons, comparé à ce que nous pourrions gagner, les risques sont trop élevés. En offrant quelques mots, pour le moment, les Sumeragi sont dans une situation difficile. Si nous regardons attentivement, même sans nous presser, cela prendra la forme que nous désirons. »
Comme l’a dit Kiryuu. Tant qu’une solution n’est pas trouvée, la maison Sumeragi disparaîtra éventuellement sans soutien financier.
« En d’autres termes, si celui qui a envoyé cette lettre ne veut pas que cela arrive… »
« Il est très probable que le contenu écrit soit vrai. »
Ce n’était pas une solution concrète.
Mais si elle était efficace, le temps nécessaire pour trouver une solution serait produit. Dans ce cas, comme écrit dans la lettre, il serait possible d’annuler l’engagement et de laisser Erika libre.
« Kiryuu, rassemblez immédiatement les matériaux nécessaires. Et après avoir expliqué les risques, utilisez ceux qui ont encore de l’espoir. »
Il n’y avait aucune preuve définitive que le contenu de la lettre était vrai. Mais c’était la seule lumière visible dans le brouillard.
Même s’il dansait sur la paume de quelqu’un, Tasuku a décidé de miser sur cette chance.
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