Cela faisait six mois depuis l’incident mondial à Origin, connu sous le nom de conflit d’Avalon, et la nouvelle année était passée.

Le monde évoluait sous la direction de Sergueï, officiellement investi comme président des États Fédéraux.

Mais il n’y avait aucun signe qu’il revienne à l’état paisible qu’il avait connu avant le conflit d’Avalon.

Les guerres civiles dans la Fédération nordique et la République chinoise ne faisaient que s’intensifier. Elles semblaient encore plus sans fin que le conflit en Afrique.

L’Europe redevenait également une poudrière. Combien d’années l’Union européenne tiendra-t-elle encore ?

À ce rythme, il était possible que ce monde voie une Seconde Guerre mondiale. Non, peut-être avait-il déjà entamé une situation de guerre mondiale depuis un certain temps.

L’Avalon Rikudou Hijiri avait été vaincu. Ses subordonnés et ses partisans étaient tous morts, et chacun des sujets expérimentaux qu’il avait créés avait disparu. Aucun de ses documents de recherche et de ses machines utilisées pour les expériences n’avait été retrouvé.

Mais il avait été soutenu par des politiciens influents, des chefs militaires et des dirigeants d’organisations criminelles, ainsi que leurs proches collaborateurs et subordonnés. Eux et leurs organisations subsistaient, car ceux que Rikudou Hijiri avait invités à sa base principale n’étaient que les plus élites parmi ses collaborateurs et partisans, tels que les présidents des nations.

Ainsi, même après la résolution de l’incident, les nations du monde entier ont été contraintes de faire face aux conséquences. Ce sont les États Fédéraux, où le président Sergueï avait réussi à prendre le pouvoir politique par un coup d’État, qui avaient accompli cela le plus rapidement et le plus efficacement.

Sans hésitation à prendre des mesures sévères, il avait purgé les cercles politiques et commerciaux des États Fédéraux, ainsi que l’agence de renseignement nationale, de ceux qui avaient collaboré avec Rikudou, les faisant arrêter les uns après les autres. La manière dont il l’avait fait était comme s’il avait été possédé, surprenant tout le monde. Personne n’avait attendu une telle efficacité d’un ancien soldat, ni politicien, ni expert en guerre de renseignement.

Cela avait été rendu possible par le fait que Sergueï avait pris le contrôle quasi-complet de l’armée. Bien que ce soit le cours d’action attendu pour un soldat qui avait pris le pouvoir politique par un coup d’État, il avait sans hésitation déclaré l’état d’urgence. En limitant les droits humains des citoyens des États Fédéraux, il avait pu arrêter les collaborateurs et partisans de Rikudou par des méthodes sévères qui auraient été critiquées comme extrêmes en temps de paix.

Bien que cela ne puisse pas être rendu public, une autre raison majeure pour laquelle cela avait été possible était l’information que Vandalieu avait extraite des esprits de l’ancien président et du directeur de l’agence de renseignement lorsqu’ils avaient été ensorcelés par Mei, qu’il avait transmise à Sergueï.

La nation suivante à retrouver sa capacité à fonctionner normalement était le Japon. Il y avait plusieurs raisons à cela, et ce n’était pas parce que les Japonais étaient plus capables que les autres.

Premièrement, seule une partie limitée du Japon avait été affectée par l’influence de Rikudou par rapport aux autres nations. À Origin, aucune Seconde Guerre mondiale n’avait eu lieu au XXe siècle, mais même ainsi, le Premier ministre et les ministres du cabinet du Japon du XXIe siècle n’avaient pas autant d’influence politique que ceux des États Fédéraux ou de l’Europe. Et parce que beaucoup de Bravers étaient nés au Japon, rassembler un grand nombre de collaborateurs et de partisans au Japon aurait augmenté le risque que les plans de Rikudou soient découverts.

Conscient de ce risque, Rikudou n’avait recruté que quelques législateurs des partis au pouvoir et d’opposition, ainsi que les hauts gradés de la police, du système judiciaire, du milieu médical et des organisations gouvernementales. Cela seul avait créé une situation très grave, mais il y avait d’autres pays dont toute l’agence de renseignement avait été prise en main par Rikudou. Comparé à eux, le Japon s’en était tiré plus facilement.

Et peut-être en raison des caractéristiques de la société japonaise, une proportion relativement importante de personnes avaient été influencées par Vandalieu lorsqu’il était apparu dans le monde d’Origin. En pourcentage de la population totale, ce n’était qu’environ 0,1 %, mais plus de cent mille personnes avaient rencontré Vandalieu dans leurs rêves.

Et même à Origin, le Japon était allié aux États Fédéraux. Sergueï avait considéré la stabilisation de cette alliance comme une question urgente, et il avait apporté sa coopération et avait finalement réussi à aider le Japon à se remettre sur pied.

Mais bien que les États Fédéraux et le Japon se soient remis rapidement, le chaos a continué dans des régions comme l’Europe et l’Amérique du Sud. Ce n’était pas surprenant ; après tout, leurs présidents avaient été tués et beaucoup de leurs proches collaborateurs avaient été arrêtés. Chaque nation avait organisé de nouvelles élections et élu de nouveaux présidents et ministres du cabinet. Cependant, les nouveaux gouvernements étaient composés de politiciens non élites qui n’avaient pas collaboré avec Rikudou Hijiri. Ils manquaient non seulement de renommée et de charisme, mais aussi de compétences et d’expérience.

Ainsi, les nouveaux gouvernements ne s’étaient pas stabilisés, et certaines nations organisaient déjà leurs secondes élections présidentielles depuis le conflit d’Avalon. L’ordre public se détériorait, et des restrictions strictes étaient imposées à l’entrée et à la sortie de chaque nation, exigeant des inspections avant de laisser partir les gens, malgré le fait que ces nations avaient auparavant permis aux gens d’entrer et de sortir librement.

L’Union européenne n’était plus qu’une union de nom, et une fois que des droits de douane auront été imposés aux échanges commerciaux entre les nations, elle se désintégrera probablement.

Cependant, les nations dont le chaos était contenu à l’intérieur de leurs frontières étaient encore mieux loties que certaines. Dans la République chinoise et la Fédération nordique, les bombes que les nations avaient elles-mêmes placées avaient été téléportées au centre des deux nations et explosées. Cela avait entraîné des combats continus même après le conflit d’Avalon, et ceux-ci étaient passés de guerres civiles à des conflits régionaux.

Ces nations avaient soutenu les ambitions de Rikudou Hijiri au niveau national, lui avaient fourni des orphelins sans parents et des individus politiquement gênants à utiliser dans des expériences inhumaines, et avaient tiré des missiles sur la base de Rikudou Hijiri tout en sachant que les Bravers, qui tentaient de résoudre la situation, et les victimes de la recherche de Rikudou étaient encore à l’intérieur. Tout cela était devenu public, suscitant une vague de critiques internationales, bien qu’on puisse supposer que les critiques des nations européennes et africaines avaient pour but de détourner l’attention de leurs propres échecs.

Critiquées par le monde entier, la République chinoise et la Fédération nordique avaient chacune discuté des mesures à prendre après le remplacement des personnes perdues pour reconstruire leurs gouvernements. C’était probablement l’une des forces du socialisme et du communisme : la capacité de décider du leadership national sans élections.

Cependant, les gouvernements des deux nations étaient devenus plus faibles. Si l’on pensait qu’ils pouvaient ignorer les critiques internationales et s’en sortir indemnes, ils se trompaient.

Et les deux nations avaient fourni une aide considérable à la recherche de Rikudou Hijiri sur l’attribut de la mort. Ce n’était pas seulement qu’ils avaient fourni le financement, les installations de recherche et les humains à utiliser dans les expériences. Ils avaient également fourni le personnel, tels que des chercheurs, des ouvriers et des gardes de sécurité, ainsi que de nombreux autres avantages. Tout cela n’était plus que dette en raison de la trahison de Rikudou.

Les actions qu’ils avaient entreprises après la trahison de Rikudou étaient devenues claires et étaient aussi de mauvaises décisions. Personne ne pouvait les blâmer d’être tombés dans le chaos à cause de la descente de Vandalieu sur Origin, mais ils avaient tiré à plusieurs reprises des missiles, ce qui n’avait fait qu’augmenter la quantité de dégâts infligés en retour aux nations.

Malgré tout cela, les nouveaux dirigeants de haut niveau refusaient d’abandonner leurs postes. Les deuxième et troisième personnalités les plus puissantes des nations tentaient d’utiliser cette occasion pour renverser les nouveaux dirigeants et prendre le pouvoir elles-mêmes. Des groupes ethniques tentaient de saisir l’occasion de déclarer leur indépendance. En conséquence, la République chinoise et la Fédération nordique se sont désintégrées, et les conflits ont augmenté dans les deux nations.

Les Bravers avaient travaillé dur ; à la demande des États Fédéraux, ils avaient dépouillé la République chinoise et la Fédération nordique d’armes dangereuses telles que les armes biologiques et nucléaires et avaient empêché les attentats terroristes qui auraient pu alimenter encore plus de conflits.

Grâce à leurs efforts, le monde d’Origin était actuellement dans un état stable. Au moins, il n’y avait pas de guerre mondiale, et aucune massacre à grande échelle n’avait eu lieu.

De retour chez eux après leur mission, les Bravers Amemiya Hiroto, Iwao, l’Ange Amemiya Narumi, Chiron Derrick Sander et le Druide Joseph Smith échangeaient des plaintes sur les problèmes d’adultes qui ne pouvaient pas être résolus par les idéaux seuls.

Le conflit est pratique. La décomposition de cette nation est bénéfique pour notre nation. Penser qu’ils diraient quelque chose comme ça si clairement, marmonna Amemiya.

Diviser de force une zone de terre excessivement grande par la dissolution d’une autre nation ! Ils inventent vraiment des idées abominables, dit Iwao.

Nous ne pouvons pas en parler à Hiroshi et Mei, dit Narumi.

Eh bien, nous ne pouvons pas exactement demander aux États Fédéraux de le réprimer par la force militaire, et je sais qu’il n’y a pas grand-chose que nous puissions faire, étant donné que les organisations internationales ont perdu leur pouvoir, dit Derrick.

Mais j’aimerais vraiment éviter d’aller en République chinoise et en Fédération nordique pour le moment, remarqua Joseph.

Que diriez-vous de diffuser les images de la descente de l’âme de Vandalieu en République chinoise et en Fédération nordique ? proposa Iwao. Nous devrions prendre le contrôle d’une station de télévision pour le faire, cependant.

Aussi regrettable que cela soit, Iwao, la République chinoise et la Fédération nordique ont presque une censure d’information parfaite. Au moment où nous commencerions à diffuser des images de l’âme de Vandalieu de cette époque, la police et l’armée nous tomberaient dessus comme une avalanche, dit Amemiya.

L’âme de Vandalieu était descendue sur Origin pour protéger le monde extérieur de la magie d’Arch-Avalon et pour protéger ses alliés des tentatives de la République chinoise et de la Fédération nordique de se venger de Rikudou pour sa trahison.

Beaucoup avaient déjà vu sa forme grotesque, mais la majorité des habitants de la République chinoise et de la Fédération nordique, qui avaient une censure d’information stricte, ne l’avaient pas fait. Ainsi, très peu de personnes avaient été influencées par Vandalieu dans ces deux nations.

Et Vandalieu était magnanime ; du point de vue d’Amemiya et des autres, il était pratiquement un philanthrope. Mais il n’irait pas jusqu’à empêcher les personnes qui n’étaient pas liées à lui ou à ses compagnons de se tuer entre elles.

Même si la guerre civile faisait rage en République chinoise et en Fédération nordique, Vandalieu la percevait simplement comme des gens qu’il n’avait jamais rencontrés se tuant entre eux. Et même le président Sergueï, le plus célèbre adorateur de Vandalieu à Origin, a priorisé les intérêts de sa propre nation, puis ceux des nations alliées.

Ainsi, mettre plus de personnes sous l’influence de Vandalieu, sous l’effet de ses conseils, sauverait la République chinoise et la Fédération nordique, mais il semblait que aucun des dirigeants des groupes séparatistes des deux nations n’était du genre à pouvoir être guidé par Vandalieu.

Comme sur Terre, les Chinois et les Nordiques détestent la religion, après tout, dit Amemiya.

Amemiya, cela semble vrai pour les nations nordiques de ce monde, mais je suis certain que la Russie de la Terre avait une religion appelée l’Église orthodoxe russe, dit Joseph.

TLN : Je sais que la Russie n’est pas un pays nordique, mais c’est ce que l’auteur a écrit. Le mot japonais généralement traduit par nordique est plus littéralement nordique européen et peut-être que l’auteur considère la Russie comme faisant partie de cela.

Est-ce correct ? demanda Amemiya.

Il semble que nous ne puissions plus nous fier à nos connaissances de notre époque sur Terre, dit Narumi.

Et je tiens à préciser que même si nous augmentons le nombre de personnes sous l’influence de Vandalieu, cela ne signifie pas que Vandalieu va les sauver directement. Ceux qui sont guidés se sauvent grâce à leurs propres efforts, dit Joseph.

En effet, Vandalieu n’avait jamais directement intervenu dans le monde d’Origin depuis le conflit d’Avalon. Les gens étaient simplement guidés par lui après l’avoir vu dans leurs rêves ou avoir vu des images de son âme.

Cependant, ceux qui étaient guidés recevaient les effets de ses conseils, malgré l’absence de système de statut dans ce monde. Non, parce que les statuts n’existaient pas, il n’y avait pas de mots et de nombres avec lesquels on pouvait clairement voir les effets des conseils, mais on pouvait dire que les habitants d’Origin en recevaient des effets plus larges que les habitants de Lambda.

Parmi les exemples plus étranges, citons une meilleure vue, une meilleure immunité contre les maladies et la capacité de survivre à des situations extrêmes uniquement grâce à ses instincts de survie.

Joseph, c’est là-dessus que nous comptons. S’il y a plus de personnes en République chinoise et en Fédération nordique sous l’influence de Vandalieu, je suis sûr qu’elles travailleront ensemble pour mettre fin aux guerres civiles, dit Amemiya.

Ils n’espéraient pas que Vandalieu intervienne directement. Les personnes qui avaient été affectées par l’influence de Vandalieu avaient une forte tendance à ressentir un sentiment de parenté les unes avec les autres, même si elles venaient de pays différents, d’ethnies différentes ou avaient des croyances religieuses différentes.

Même si ces personnes ne devenaient pas majoritaires, une fois qu’elles atteignaient un certain nombre, elles détenaient une influence significative.

Et il était impossible d’attendre que les Bravers fassent quelque chose à propos de la situation par eux-mêmes sans compter sur Vandalieu. Bien qu’ils fussent des héros qui avaient gagné le respect des habitants d’Origin, la confiance des populations en eux avait été gravement affectée par le conflit d’Avalon. Personne ne pouvait blâmer les populations pour cela ; après tout, le coupable du conflit d’Avalon était Rikudou Hijiri, qui avait occupé un poste de direction pour les Bravers.

Cependant, les principaux acteurs qui avaient mené les efforts pour résoudre l’incident étaient également des membres des Bravers, de sorte que les critiques de la société à leur égard n’étaient pas si sévères. Cela était dû au fait que les présidents des nations du monde entier et leurs proches collaborateurs avaient collaboré avec Rikudou, et aussi parce qu’il y avait des cibles plus faciles à blâmer et à diaboliser : la République chinoise et la Fédération nordique.

Cependant, même sans être sévèrement critiqués, les Bravers n’étaient pas en mesure de forcer les nations à agir. Ils n’étaient pas des politiciens ; ils ne bénéficiaient pas du soutien des populations de la République chinoise et de la Fédération nordique, ni du pouvoir de gouverner ces populations. La seule façon pour les Bravers de mettre fin aux conflits dans ces nations était de les faire taire par la force.

Et s’ils commençaient à le faire, le seul changement serait que les Bravers rejoignent les conflits dans les deux nations en tant que nouvelle faction participante.

Il y avait aussi la possibilité d’adopter une approche plus progressive : se rendre en République chinoise et en Fédération nordique pour nouer des relations de coopération avec des personnes influentes dans ces pays dans le but de sortir victorieux du conflit et d’établir de nouveaux gouvernements, mais ils le faisaient déjà.

Les États Fédéraux et les Bravers agissaient dans le but de diviser ces deux grandes et puissantes nations et d’établir un équilibre.

Si seulement ces deux nations pouvaient devenir comme le Japon et les États Fédéraux ! Non, j’ai le sentiment que le Japon et les États Fédéraux ont été trop influencés, dit Iwao.

Je pense que Vandalieu serait d’accord avec vous là-dessus. Je l’ai rencontré dans un rêve il y a quelque temps, et il était déprimé, dit Joseph.

Déprimé, hein. Eh bien, je ne peux pas le blâmer, dit Amemiya.

Immédiatement après le conflit d’Avalon, Vandalieu avait été perçu de nombreuses manières différentes dans le monde d’Origin : un extraterrestre nommé Johnny Yamaoka qui avait grandi énormément, un démon ressuscité de l’enfer, la matérialisation d’un esprit maléfique créé par une expérience de recherche sur l’attribut de la mort qui avait mal tourné, un dieu descendu sur terre, un énorme organisme magique créé par une expérience magique, une création ratée de Rikudou Hijiri, et ainsi de suite.

Mais le président Sergueï avait déclaré : « C’est un